Les négociations du 31 janvier avec la direction de Gemalto sur la prime Macron ont commencé par un chantage à la signature. Ainsi, la direction a fait savoir aux organisations syndicales qu’elle prévoyait, en l’absence d’accord, une prime de 500 € pour tous les salariés qui ont gagné moins de 53 945 € brut en 2018. Une méthode que dénonce la CFE-CGC et qui a abouti à la non-signature de la CFE-CGC de l’accord sur la prime Macron
Pour savoir si un salarié est concerné, il faut regarder la valeur de la ligne « accidents du travail – maladies professionnelles » sur ses 12 bulletins de salaire 2018 et les additionner.
En cas de temps partiel, le montant annuel doit être ramené en équivalent temps plein. Cela pose quelques difficultés sur certains sites pour le personnel qui ne travaille que le week-end. En effet, le salaire de base de ce dernier est faible mais avec les primes de week-end et le calcul en équivalent temps plein, ils ne sont plus éligibles.
La position de la CFE-CGC était d’obtenir une prime pour tous les salariés. Le fait qu’elle soit fiscalisée différemment selon le montant du salaire n’est pas du ressort de l’employeur. La CFE-CGC souhaitait un message positif adressé à l’ensemble des salariés. Compartimenter l’attribution de cette prime a comme conséquence de séparer des salariés qui font pourtant partie de la même communauté de travail. De plus, un seuil brutal à 53 945 € qui détermine si oui ou non un salarié a droit à la prime n’a rien de social.
Cette prime a été créée en urgence par le gouvernement fin 2018 pour répondre aux événements des gilets jaunes qui ont cours depuis le 17 novembre. Le dispositif est intéressant mais est loin d’être socialement parfait. Il restait donc à l’améliorer dans les entreprises. Plusieurs grandes entreprises l’ont d’ailleurs bien compris comme Total qui a versé 1500 € à tous ses salariés.
La négociation a été quasiment impossible toute la journée. La direction n’a consenti aucune modification d’assiette ou de modalités de distribution de la prime. Sa seule ligne de conduite a été d’obtenir une signature en faisant miroiter l’avantage que certains salariés (ceux en-dessous du seuil des 53 945 €) pourraient obtenir par rapport à une décision unilatérale soit 650 € au lieu de 500 €.
La CFE-CGC a juste obtenu que les personnes en arrêt maladie ne soient pas exclues du dispositif en rappelant le caractère discriminatoire du fait de leur état de santé.
Contrairement aux négociations NAO où des compromis sont apparus, cette réunion sur la prime Macron a fait ressortir les vieilles méthodes déplorables des RH de Gemalto. Signer dans ces conditions n’aurait fait qu’encourager la direction dans ce sens.
Trois organisations syndicales ont donc signé l’accord arguant du fait que « 650 € c’est mieux que 500 € ». Si la valeur ajoutée syndicale devait se résumer à ce principe alors un simple algorithme mathématique pourrait facilement remplacer les syndicats : c’est peut-être ça le nouveau monde digital rêvé par Gemalto.